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SE « PAUSER » POUR AVANCER - RAPPORT AU TEMPS – VISION SOCIÉTALE

Extrait du mémoire "La place du coaching dans la résolution des problématiques individuelles induites par la dynamique sociétale" présenté et soutenu par Krystelle DUVAL devant un jury professionnel en Mars 2021 - Mémoire pour l’obtention de la Certification de Coach Consultant – RNCP niveau 7.






 

On pourrait se demander en quoi le temps est un facteur aggravant des problématiques humaines. Nous vivons dans une société où, chacun en convient, tout doit être fait au plus vite, il faut gagner du temps et la vie est ainsi faite. Cependant, il me parait opportun de creuser la piste des problématiques sociétales liées au temps, de comprendre pourquoi nous en sommes arrivés à une civilisation qui se presse, consomme avec frénésie, et pourquoi cette même société se rend malade et presque totalement incontrôlable.

Je vais développer, dans ce mémoire, en quoi selon moi « se pauser pour avancer », est une alternative intéressante en réponse à la frénésie sociétale.

Le temps s’immisce en tout, il est devenu presque imperceptible et pourtant l’espèce humaine n’a jamais autant couru après l’envie de gagner du temps. Que s’est-il passé ? Qu’est ce qui a fait que notre rapport au temps est devenu si insidieux ? Je vous propose d’aborder ce mémoire uniquement sous le spectre de l’aspect économique et sociétal des problématiques liées au temps.

Nous tenterons d’apporter un éclairage sur la notion du temps dans notre société. Puis nous aborderons le trio « Production, Profit, Temps » et la création de la rentabilité, comment cette dernière s’est introduite dans notre vie, depuis quand, dans quel but elle a été instaurée. Nous examinerons comment la notion du temps est devenue intrinsèquement complexe et problématique au regard du groupe et de l’individu. Nous évoquerons les conséquences de ce phénomène sur la société, parfois jusqu’à la perte de sens chez l’individu, voire au bug cérébral.

Je vous invite donc à vous « pauser » [1] quelques instants.


RAPPORT AU TEMPS – VISION SOCIÉTALE

La notion du temps est omniprésente dans notre société, pas moins de 45 définitions sont proposées par le Littré.

Les notions des expressions du langage couramment employées pour désigner le temps sont multiples ; temporelles, météorologiques, sociétales.

Il est exprimé dans les états (solides, liquides, gazeux…).

Il peut-être ordinaire, utile, perdu, de bonne mœurs ou fatal.

Il peut être gustatif, olfactif, de bon augure ou non.

Il peut-être économique, on peut le perdre, le gagner, le valoriser, le prendre, le tuer, en avoir ou pas.

Il peut être philosophique, biologique, physique à l’échelle d’une étape, d’une vie ou à celle de notre univers, Einstein l’a même couplé avec l’espace dans sa théorie de la relativité générale.

Le temps peut être à l’échelle d’une période…

Il ne semble pas y avoir de mot plus ambigu que le mot « temps » et les notions qui lui sont attribuées.

Dans un monde où, la technologie et la course au temps sont reines, je vous invite à prendre une pause quelques instants pour étudier brièvement en quoi la notion de temps est devenue problématique. Dans cette première partie, je tente de mettre en lumière l’intrication implicite du temps dans notre société actuelle, et d’énoncer les conséquences de cette intrication dans nos vies.


Nous n’avons plus le temps de rien. Notre temps est compté, précieux, il est devenu un produit de consommation mais en est-il toujours été ainsi ? Que s’est-il passé pour que nous en soyons arrivés à un tel niveau de frénésie sociétale ? Je vous expose une partie de cet aspect. Débutons par le rapport au temps de nos aïeux et, essayons de comprendre comment le glissement de notre société a pu nous amener à courir après le temps en permanence.



Le « temps » tel que nous le décrivons de nos jours est finalement assez récent.

Le dictionnaire étymologique et historique du français de LAROUSSE situe son premier emploi au XIIIème siècle, il est à noter que le mot urgent a été créé quelques décennies plus tard. Nous reprendrons cette notion d’urgence ultérieurement.


Dans l’antiquité, le temps était mesuré avec la clepsydre et le sablier, les égyptiens concevaient d’ailleurs le temps comme un élément insaisissable et constamment en « mouvement ».

Puis les techniques ont évolué pour préciser le découpage des séquences temporelles comme l’heure, la minute…jusqu’à l’invention des montres mécaniques.

À la fin du 19ème siècle, de nombreux accidents de trains aux États-Unis ont motivé la création des fuseaux horaires et l’émergence d’un langage temporel compréhensible dans le monde entier. Cette étape donne naissance à deux notions primordiales dans notre société actuelle, la ponctualité et le respect des horaires.


Dans un souci de précision, des scientifiques ont créé l’« heure exacte » appelée également l’heure astronomique car régie par la position des étoiles depuis PARIS en 1912. Ainsi, toutes les heures du monde pouvaient être calées sur le signal transmis par l’observatoire de Paris, depuis la Tour Eiffel.


Aujourd’hui, les scientifiques et les technologies utilisent des horloges atomiques, pour gagner en précision au millième de seconde.


Il est intéressant de regarder cet aspect de notre vie sous un angle différent et d’essayer de comprendre « comment nous avons bien pu en arriver là » où nous sommes aujourd’hui.



Alors qu’à l’antiquité la vie des populations humaines était rythmée par les cycles naturels : saisons, lune et soleil.


Actuellement, dans les sociétés dites « modernes », le rythme des journées est « cadencé ». Selon le Larousse, « En cadence, en respectant le rythme. », la cadence est une « répétition de sons, de mouvements, d'actions qui se succèdent d'une façon régulière ou mesurée ; rythme » mais encore un « rythme du travail, de l'activité de quelqu'un, rythme d'exécution des tâches de production, des approvisionnements d'une entreprise : Accélération des cadences. »


Notons, dans ce dernier exemple, qu’il est question de cadencer le rythme de travail des ouvriers, en lien avec le développement technique, dans la recherche du développement économique.


La notion d’économie vient du grec « oikonomia », organisation, selon le LAROUSSE, dont la définition est, « Ensemble des activités d'une collectivité humaine relatives à la production, à la distribution et à la consommation des richesses. ». Il s’agit donc de gérer au mieux le temps de chacun en vue d’une amélioration de la production et donc des profits.

Même si la gestion du temps parait déjà présente du temps des égyptiens, il semble que tout ait basculé au début de l’ère industrielle. Prenons quelques minutes pour en retracer les grandes lignes historiques.


Au début de l’ère industrielle, des scientifiques ont étudié, à des fins de profit économique en premier lieu, la façon de rendre les ateliers de production plus rentable. Alors que les ouvriers travaillaient sur l’ensemble d’un produit avec, parfois, un réel savoir-faire, il est apparu plus efficace de faire travailler les ouvriers par séquences, sur une tâche simple et délimitée dans le temps.


Évoquons brièvement « Le taylorisme »

« Du nom de son inventeur, l'ingénieur américain Frederick Winslow Taylor – désigne la forme d'organisation scientifique du travail définie par lui et ses disciples à partir des années 1880. Dans un monde où la division du travail est déjà la norme, pour obtenir des conditions propres à fournir le rendement maximum dans le cadre d'une organisation, le taylorisme préconise : · Une analyse détaillée et rigoureuse : o d'où l'accent mis sur le qualificatif de « scientifique » o des modes et techniques de production ; · L'établissement de la « meilleure façon » de produire ; · La fixation de conditions de rémunération plus objectives et motivantes. Ce qui donne ce nom le taylorisme..»
(Source Wikipédia)

1890 sonne l’heure de l’horloge à poinçon permettant un encadrement du temps de travail plus stricte. Il s’agit ici de limiter les pertes de temps, d’éviter le gaspillage.

Les ouvriers se succèdent, chacun à sa séquence de tâche unique à réaliser, et ce, parfois, pour toute leur vie professionnelle. Certains seront même perçus par la société comme des spécialistes de cette micro-tâche. Chaque ouvrier est réduit à une action simple et répétitive, la réflexion n’a plus sa place, chacun doit accomplir ce qu’on lui demande de faire de façon répétitive.

Chaque ouvrier travaille sur un segment de tâche et délègue les tâches suivantes à autrui, plus qualifié, plus efficace, si bien que cette micro tâche devient une routine. Cette routine ne demande pas d’effort, elle est effectuée sans réflexion, parfois presque inconsciemment.


Évoquons également brièvement « Le fordisme »

« Au sens premier du terme c’est un modèle d'organisation et de développement d'entreprise développé et mis en œuvre en 1908 par Henry Ford fondateur de l'entreprise qui porte son nom, à l'occasion de la production d'un nouveau modèle, la Ford T. Ce modèle accorde une large place à la mise en œuvre des nouveaux principes d'organisation du travail instaurés par le taylorisme en y ajoutant d'autres principes comme notamment le travail des ouvriers sur convoyeur. Leurs salaires peuvent être indexés sur cette progression, et générer une augmentation bienvenue du pouvoir d'achat. Comme le perçoit bien Henry Ford, relayé plus tard par les keynésiens : « le fordisme est le terme par lequel on désigne l'ensemble des procédures par lesquelles les salaires se sont progressivement indexés sur les gains de productivité.»
(Source Wikipédia)

L’après-guerre 1914-1918, se caractérise par une période de paix et d’acquis sociaux (congés payés + salaire minimum + temps de travail) qui sont la base du plein emploi et d’une stabilité salariale. Le début de cette période marque le détachement des impératifs dits de survie et le début de la notion de loisirs.


De la possibilité de travailler et de recevoir un salaire, apparaît la possibilité de disposer de son argent et de le dépenser selon ses envies, ses intérêts du moment. Nait alors, après le temps de travail, le temps consacré aux loisirs, à la vie familiale.


Il devient incontournable d’organiser son temps, de le structurer dans une journée, dans le mois, voire même de se préparer pour anticiper des projets à venir comme des vacances (nouvellement acquises).

Peu à peu nous avons fait évoluer notre temps consacré à une journée en la segmentant en diverses activités. Dans le grand Livre de l’Analyse transactionnelle chap.9 p167 à 176 « La structuration du temps », Fabrice BRECARD et Laurie HAWKES nous proposent une segmentation de notre temps selon les grand thèmes suivants : le retrait, les rituels, le passe-temps l’activité, les jeux-psy, l’intimité et les jeux ludiques.


Structurer son temps pour en disposer au mieux et profiter dans les meilleures conditions possible de la vie sociétale. Utiliser un emploi de temps, gérer son temps parait un fait sociétal d’une importance capitale.


Depuis les 30 glorieuses, avec le déploiement de la robotisation du milieu du travail, les tâches sont devenues, moins pénibles, moins dangereuses, plus rapides.


Aujourd’hui presque tout le monde à un smartphone. Chaque détenteur d’un smartphone a la possibilité d’user de son temps libre comme bon lui semble, de télécharger des applications divertissantes. Le divertissement est disponible en une touche, c’est rapide, il n’est plus besoin d’attendre pour se « distraire ».



L’industrialisation, au XIXème siècle, a marqué le début d’une nouvelle ère. L’harmonisation des montres du monde entier, avec le cadençage des rythmes de travail, a mis l’accent sur la performance.

Cela a eu un impact décisif dans le suivi des cours boursiers du monde entier.


Perdre quelques minutes devient insupportable car c’est perdre des bénéfices. Le temps devient un produit qu’il faut rendre « rentable », dans le sens économique du terme.


Nous avons évoqué précédemment que cette cadence prodiguée par Taylor et adaptée par Ford avait pour seul but l’efficacité économique et le profit. Tout est fait pour que les temps de production soient réduits.


Le dynamisme est comparé à l’efficacité et le rythme de vie est de plus en plus rapide. Chaque seconde doit être consommée, rentabilisée, optimisée. Chacun doit s’organiser pour rentabiliser son temps, être le plus productif possible, pour la société, pour l’économie.


Chacun doit gérer son temps au mieux, « gagner du temps ». Chacun se dépêche, cherche à économiser son temps, cherche ce qu’il pourrait faire pour rendre son temps plus productif, plus rentable, pour lui-même.


Et aujourd’hui, le phénomène est tellement prégnant que certains individus cherchent à réduire leur temps de sommeil, pourtant vital, afin de gagner du temps. Dans cette course à la rentabilité, on ne prend même plus le temps de se reposer, de dormir, d’exprimer ses besoins, de prendre du temps pour soi-même.


En somme, on cherche à optimiser notre temps, à utiliser et combler les temps d’« inactivité » ; gagner quelques minutes est devenu si précieux que des applications « révélatrices de voleurs de temps » ont été créées.



Dans le premier paragraphe j’ai abordé brièvement le rapport au temps de nos aïeux et mis succinctement en avant le glissement vers une société de la rentabilité.


À présent, je souhaite vous présenter, selon le spectre réduit de la rentabilité, comment l’individu s’est progressivement écarté de ses besoins vitaux, au profit des besoins du groupe, et comment ses besoins vitaux peuvent être brouillés par la société.


De la naissance des temps modernes à l'urgence des dossiers à rendre avant leur conception. Nous avons augmenté le rythme de la cadence pour gagner plus, au bénéfice de notre économie.



« On ne prépare plus rien aujourd’hui. On veut que tout soit parfait tout de suite. C’est le monde du surgelé. Nos ventres sont en voie de devenir des congélateurs et des machines à mettre des bébés sous vides. Pour usage futur : Les jours où l’on voudra montrer qu’on a le plus beau, le plus intelligent, le plus drôle. Je suis sûre que certains enfants souffrent du cancer parce qu’ils ont essayé d’être parfaits avant d’apprendre à marcher ou à parler. Sais-tu ce qui coûte cher maintenant ? C’est tout ce qui demande de la préparation, c’est-à-dire ces gestes qui ont le temps.»
Serge MARQUIS (2018)



Nous sommes dans la réactivité, la réflexion n’a pas sa place. Nous nous précipitons sans savoir où nous allons, sans tenter de comprendre ce que nous faisons, où nous allons, ni pourquoi, quel en est l’impact.


Tout est devenu urgent.


Le WEB, Internet et ses adaptations, nous imposent un rapport au temps qui se concentre sur l’immédiat. Nous voulons que les choses aillent vite, avec impatience. Tout doit être transmis rapidement.


La précipitation nous fait perdre la notion de sens et de valeur, nous avons perdu toute notion de ce qui est essentiel pour nous. Limiter les temps de pauses, les temps de repas, les temps de sommeil.


L’individu n’a pas le temps de réfléchir, il doit suivre le rythme que lui impose la société, au travail, chez lui (Rythme des enfants, de la gestion de la maison, les courses…), tout doit être fait en urgence.


Précédemment nous avons évoqué les voleurs de temps, de la nécessité de toujours être en mouvement, d’apprendre toujours quelques choses pour que le temps soit productif.

Pour gagner du temps… au détriment de la liberté de créer, de penser, d’agir, l’individu perd la notion du sens de ses activités.


La culture, l’art sont relégués au second plan, considérés comme non-essentiel et perte de temps ; nous n’avons plus le temps de lire, il faut travailler, rendre un dossier, courir dans les magasins, pour acheter des produits, passer son temps sur les réseaux sociaux à liker les publications de ses homologues pour payer des publicitaires afin que l’application reste « gratuite ».


Surtout ne pas sortir la tête de l’eau… Il faut bien suivre le rythme sinon la société pourrait s’écrouler. En somme, l’économie prédomine sur les besoins des individus.



Nous venons d’aborder la notion du temps et de l’importance de l’optimiser pour faire fructifier l’économie, prenons un instant pour nous interroger sur les liens possibles entre nos raisonnements en tant qu’individus au sein du groupe et le rapport que nous avons établi avec la notion du temps.


Si, nous revenons à l’origine de notre histoire, Homo Sapiens vit en groupe, c’est un besoin primaire lui procurant protection et bien-être, cela lui permet de se nourrir et de se défendre face aux prédateurs.


Cependant, le besoin d’appartenance a quelque peu évolué, le groupe ne nous sert plus à nous protéger des prédateurs et des aléas naturels, mais il est encore viscéralement ancré dans nos esprits de façon inconsciente.


Pour appartenir à un groupe et assouvir ce besoin de protection, nous nous créons, de nos jours, des besoins sociétaux à assouvir de façon irrépressible de peur d’être jugé par autrui, par la société, pour participer à l’effort commun, pour montrer notre implication au groupe, notre réussite dans cette démarche sociale.

« Métro-boulot-Dodo », travailler pour travailler et être reconnu socialement par ses actions, ses acquisitions. Rester dans la norme, au sein du groupe, faire confiance aux élites, aux leaders qui ont le pouvoir de décision.


Se mettre à l’écart du groupe, s’opposer aux perceptions du groupe, porter des valeurs autres que celles du groupe, cela revient à sortir du groupe, et cela est très mal perçu par nos congénères, cela est vécu comme une trahison et une mort certaine (morale ou physique) de celui qui oserait dépasser les limites.


L’ « expérience de Asch » a permis de mettre en lumière le conformisme d’un individu lorsque ce dernier est dans un groupe. De 1960 à 1963, Stanley Milgram mène une série d’expériences pour estimer à quel niveau d’obéissance peut aller un individu dirigé par une autorité qu’il juge légitime.


Ceci est complété par L’Effet Janis, de 1972, qui met en évidence le phénomène de pensée groupale ou de pensée moutonnière. Il se constitue lorsqu’un groupe établit un consensus sur la solution la plus acceptable pour sauvegarder la cohésion du groupe.



« Travailler pour satisfaire ses besoins, gagner de l’argent, être (et ne pas en sortir) dans le système, travailler toujours plus pour « réussir socialement », satisfaire son égo »
Serge MARQUIS


« Serge MARQUIS (Psychiatre, Spécialiste de la santé mentale au Québec) a mis en évidence la propension de l’homme de se doter d’un animal qui n’existe pas, dans sa tête, il l’appelle le hamster car ce dernier tente en toute occasion de se placer dans sa roue pour foncer à toute allure. Ce hamster représente cette petite bête qui va ruminer les actions passées et pour lesquelles nous ne pouvons plus rien, et les actions que nous projetons sans aucune certitude de la véracité de nos projections mentales.


«Pensouillard ne vit pas dans le présent.».
Serge MARQUIS

"Pensouillard" est, pour Serge Marquis, un réflexe ancestral, qui génère de la peur ; cela a permis aux premiers hommes de prendre conscience d’un danger, d’un besoin vital, de l’analyser et de réagir en conséquence pour survivre.


Aujourd’hui, nos conditions de vie ont évolué, nous n’avons plus à nous préoccuper de notre survie. La majeur partie de la population vit sous un toit, mange à sa faim, et consomme selon ses fantaisies. Pourtant, la peur est encore ancrée en nous, nous en voulons toujours plus…On vit dans un monde de fous où des milliards de Hamsters font la course, chacun dans sa roulette et sans but.


« Le tapage dans la tête, c’est le moi en pleine action », « Peur et Ego sont indissociables.».
Serge MARQUIS

Nous sommes devenus champions de toutes les espèces vivantes sur terre de la rumination mentale. Serge Marquis nous explique que nous avons déplacé notre centre d’intérêt de nos besoins primaires vers des objets matériels ou des pensées.


« Je ne suis pas mon stylo Mont-Blanc ».
Serge MARQUIS

Nous projetons notre image, ce que nous pensons être dans ces représentations mentales. Ceci nous éloigne de qui nous sommes vraiment et de nos besoins.


Prenons quelques instants pour analyser cette réflexion au regard du monde du travail.

Les entreprises promeuvent des employés impliqués, dévoués, prêts à s’investir pleinement dans l’entreprise au détriment de leurs besoins propres. Cette image de « l’employé modèle » est colportée par les employés eux-mêmes, une personne qui ne sera pas à l’image de l’entreprise sera malmenée, dénigrée, isolée. L’entreprise est considérée comme un cercle familial, assimilable à une famille. Le lien affectif y est alors très fort, le besoin d’appartenance à la famille dans notre société occidentale étant important. Il s’est créé un lien affectif avec notre travail. L’on voit apparaitre depuis quelques décennies une loyauté des individus vis-à-vis du système, « on travaille pour l’entreprise », il s’est créé un affect entre l’entreprise et le soi.


La problématique de cet état de fait est que l’individu défend et vit pour son entreprise comme il devrait le faire pour lui-même. On assiste à un surmenage des individus au travail. L’individu intègre le temps de travail ou la préoccupation du travail comme s’il nourrissait un besoin primaire, identitaire.



Le but de cette partie n’est pas de comprendre tous les tenants et les aboutissants liés aux maladies de burnout et associées mais de tenter de mettre en lumière quelques causes sociétales avérées.


Le Burnout est une dépression particulièrement brutale due au surinvestissement au travail. Burnout est traduit en français par s’éteindre, s’épuiser.


Comme nous l’avons abordé précédemment, l’individu s’identifie à son travail. L’individu vit alors un problème au travail comme une défaillance personnelle, il se sent attaqué dans son intégrité.

L’individu protège son emploi, la société dans laquelle il travaille comme il protégerait sa famille. Il est prêt à s’investir personnellement et entièrement pour cela.

« On ne s’arrête pas de travailler, on rentre dans un processus d’hibernation de nos propres besoins. ».
Serge MARQUIS

Manque de sommeil, non prise en compte de ses besoins propres, de son rythme biologique et physiologique. Phénomène de robotisation de l’individu.

Les temps de trajet, les sur-sollicitations de la société à ne pas perdre de temps, à anticiper pour gagner du temps.

Les personnes ayant subi un burnout se disent prématurément vieillies, leur cerveau est en mode « pause » et se refuse à la moindre sollicitation. On peut associer ce phénomène à l’image d’un élastique sur lequel on aurait trop tiré et qui soudainement aurait atteint son point de rupture sans possibilité de retrouver son élasticité d’origine.

Nous défendons notre travail, notre société comme si elle faisait partie intégrante de notre moi, de notre EGO, ce qui amène à des excès, voire des temps d’arrêt soudain quand le cerveau décide de couper la connexion.

Malheureusement, cette coupure cérébrale est parfois irréparable et une réadaptation doit être opérée auprès d’une longue psychothérapie pour réapprendre les gestes simples du quotidien. Il apparait donc primordial, dans la mesure du possible, d’intervenir en amont afin de prévenir cette tragédie mentale.


(...)

 

Nous avons rappelé dans ce mémoire que la notion du temps est une notion complexe, qu’elle est présente en tout. Nous avons axé notre champ d’étude sur l’intrication du temps dans le secteur économique. Nous avons vu comment l’évolution technique a permis une mesure de plus en plus précise du temps par l’espèce humaine. Puis au fil de cette maîtrise, comment l’humain a adapté sa cadence et a géré son temps pour gagner en profit. Cette intrication entre « Production, Profit, Temps » a fini par rendre la rentabilité incontournable et essentielle au groupe et comment ce même phénomène a, de façon insidieuse, éloigné l’individu de ses propres besoins vitaux. L’humain en tant qu’individu s’est peu à peu détaché de ce qui compte réellement pour lui au profit du groupe, de la rentabilité, du toujours plus, de façon frénétique parfois, et ce, au détriment de sa santé.


Nous avons pu mettre en évidence la relation intrinsèque entre la notion du temps et le sens pour l’individu dans la problématique de la frénésie sociétale sous le spectre de l’économie. De façon évidente, il est clair que l’aspect économique reste un sujet très restreint de la problématique globale de la société, il aurait été intéressant d’étudier ce sujet au regard de la spécificité cognitive, des biais cognitifs, du contrôle des masses par les « puissants » ou encore de l’impact du SarsCov2 sur notre rapport au temps…


Sébastien BOHLER journaliste, conférencier et Docteur en Neurosciences, intervenant dans les domaines des neurosciences et de la psychologie, parle de Bug sociétal quand il évoque le comportement des individus dans notre société.


La question de la temporalité, du sens et de l’individu pourra être une réponse appropriée, reste encore à l’étudier plus avant pour apporter des réponses pertinentes et adéquates à chacun.

 

[1] Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales : PAUSER, verbe intrans. A. − MUS. Marquer une pause. (Dict.xixeet xxes.). B. − Pop. ou région. Se reposer pendant un court instant. Lavelongue, il voulait pas que je pause: «C'est la jeunesse, c'est le sport!...» Voilà comment il m'arrangeait (Céline, Mort à crédit, 1936, p.164).Elle pausa en chemin. Accablée, les cheveux collés au front, elle resta sans bouger (Guèvremont, Survenant, 1945, p.203). Prononc. et Orth.: [poze], (il) pause [po:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1636 mus. «observer un silence de la durée d'une mesure» (Mersenne, Harmonie universelle, p.299). Dér. de pause*; dés. -er.

 

Bibliographie

Livres

- SERGE MARQUIS I (2018), Le jour où je me suis aimé pour de vrai, Editions de La Martinière

- SERGE MARQUIS I (2013), Pensouillard le Hamster Petit traité de décroissance personnelle, Les éditions transcontinentales


Sites web

- CNRTL I (2012), «PAUSER, verbe intrans.» in CNRTL, disponible sur [https://www.cnrtl.fr/definition/pauser]. Consulté le [2021-01-21]

- CERVEAU&PSYCHO N°32 I (1999), « Dossier : perception du temps et illusions temporelles» in CERVEAU&PSYCHO, disponible sur [https://www.cerveauetpsycho.fr/sd/neurobiologie/dossier-perception-du-temps-et-illusions-temporelles-2382.php]. Consulté le [2020-07-24]

- L'HOMME ET LA SOCIÉTÉ I (1969), « La psychologie de la perception du temps [article]» in Portail Persée, disponible sur [https://www.persee.fr/doc/homso_0018-4306_1969_num_11_1_1178]. Consulté le [2020-07-25]

- LA NOTION DE TEMPS ET D’ESPACE CHEZ L’HOMME ET L’ANIMAL I (1990), « On peut tout dire page » in, disponible sur rouillier.com [http://www.rouillier.com/wordpress-philopsycho/la-notion-de-temps-et-despace-chez-lhomme-et-lanimal/]. Consulté le [2020-07-25]

- ETIENNE KLEIN: QU’EST-CE QUE LE TEMPS? I (2014), « Sciences » in Québec Science, disponible sur [https://www.quebecscience.qc.ca/sciences/etienne-klein-quest-ce-que-le-temps/]. Consulté le [2020-07-30]

- SERGE MARQUIS PENSOUILLARD LE HAMSTER I (2015), « Les belles soirées » in YouTube, disponible sur [https://www.youtube.com/watch?v=gz6XDflZMGM&ab_channel=LesBellesSoirees]. Consulté le [2020-07-30]

- SERGE MARQUIS - ON EST FOUTU, ON PENSE TROP ! I (2016), « UnivNantes » in YouTube, disponible sur [https://www.youtube.com/watch?v=MzvF3OVWgZM&ab_channel=UnivNantes]. Consulté le [2020-08-03]

Notion de Temps :

https://www.littre.org/definition/temps

https://fr.wikipedia.org/wiki/Temps#%C3%89tymologie

https://www.pourlascience.fr/sd/archeologie/le-temps-double-de-legypte-ancienne-6198.php

https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_mesure_du_temps




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